Auteur/autrice : Charles-Étienne Ferland

Ma conférence « L’écrivain entomologiste » : de quoi ça parle?

Le 20 novembre 2025, je vais présenter à la Société d’entomologie du Québec ma conférence « Dans les coulisses de l’écrivain entomologiste : de l’entrepreneuriat artistico-scientifique avec des retombées socio-environnementales positives ». Mais de quoi est-ce que ça parle? Dans cet article de blog, je vous invite à découvrir le contenu de ma conférence et me partager vos impressions en commentaires ou par courriel. Avec l’espoir qu’elle puisse vous aider dans vos projets, voici dans son intégralité la version du 02 octobre 2025 :

L’entomologie ne se limite pas à décrire la diversité du vivant : elle inspire, transforme et devient un vecteur de connaissances au-delà des cercles scientifiques. Dans cette conférence, je présente mon parcours à la croisée de l’entomologie et de la création littéraire, en explorant comment la science des insectes peut nourrir l’imaginaire collectif.

Titulaire d’une maîtrise en écologie des insectes, j’ai travaillé en entomologie agricole avant de me tourner vers la science participative, notamment au Musée d’histoire naturelle du Danemark (Bugdex) et ensuite à l’Insectarium de Montréal avec Mission monarque. En parallèle, je suis devenu écrivain : mes romans Dévorés et Métamorphoses (finaliste au Prix Trillium) transposent un apocalypse écologique dans la fiction, tandis que Max d’Exxila met en scène un space opera jeunesse sur les changements climatiques.

Mon approche d’écrivain entomologiste repose sur une méthode hybride qui transpose la pensée derrière la démarche scientifique à l’écriture. Loin d’opposer arts et sciences, je montre comment ces deux langages se complètent. L’entomologie devient alors une passerelle : elle m’enseigne la rigueur, l’observation et l’importance de nommer le vivant, tandis que l’écriture ouvre un espace pour transmettre, vulgariser et toucher les coeurs pour avoir un impact positif en contexte de transition socio-écologique.

Cette présentation illustre comment l’entomologie, comme vecteur de connaissances, peut non seulement nourrir la recherche et la conservation, mais aussi enrichir la culture et l’imaginaire. Elle invite à penser les insectes non seulement comme objets d’étude, mais aussi comme sources d’histoires capables de sensibiliser aux grands enjeux écologiques de notre temps. Comme entomologistes, nous sommes aux premiers rangs des changements environnementaux contemporains et l’art du storytelling est un outil puissant pour communiquer nos projets de recherche. Notre histoire est unique et notre voix compte; quel regard notre expérience nous permet-elle de poser sur le monde d’aujourd’hui? 

#ShowYourWork : Août 2025

TL;DR — Je poursuis mon accompagnement en entrepreneuriat, je clarifie mon rythme de production pour que ce soit sain et durable, je structure mes projets dans Asana (gestion vs. création), et je mijote l’idée d’ouvrir un poste d’adjoint·e administratif·ve pour déléguer une partie de l’administration et de la coordination afin de me libérer du temps de cerveau.

Dans ce billet de blog, je fais le point sur mon travail actuel, mes projets en cours et ma manière d’organiser ma pratique. Cet exercice de transparence est inspiré de Show Your Work d’Austin Kleon : partager le cheminement, pas seulement le résultat. Avant de plonger, je tiens à exprimer toute ma gratitude et ma reconnaissance à l’Insectarium de Montréal (Espace pour la vie) où je travaille depuis maintenant deux ans. En ayant adopté un rythme de travail sur 4 jours (du lundi au jeudi), je peux me consacrer à ma carrière artistique le vendredi, and it means the world to me!

Chaque année, ma manière de travailler évolue. Voici l’état de mon espace de travail en fin août 2025 :

On arrive à la fin du 3e trimestre de 2025 :

Vous avez peut-être remarqué que j’utilise l’appellation Studio créatif CEF pour désigner mon espace de travail, mon atelier virtuel. Ça vient d’une volonté de travailler en collaboration, de monter une équipe…

Une idée qui germe : un poste d’adjoint·e administratif·ve

Je considère l’ouverture d’un poste d’adjoint·e administratif·ve (quelques heures par semaine pour commencer). L’objectif : me libérer du temps de cerveau pour l’écriture et la R&D créative, tout en améliorant la qualité opérationnelle. Ce rôle couvrirait par exemple :

  • suivi de courriels, agendas, contrats et facturation ;
  • préparation de dossiers (subventions, partenariats, conférences) ;
  • mise à jour d’Asana, préparation de comptes rendus et mini‑tableaux de bord.

Rien n’est lancé officiellement — c’est une intention. J’avance prudemment . J’aimerais explorer les opportunités de subventions d’appariement (matching funds) qui me permettrait de bénéficier de soutien financier pour couvrir une partie du contrat. Peut-être un programme d’accélérateur pour les PME?

Avant de plonger dans l’état des projets, je vous présente pour la première fois deux manières de visualiser comment je travaille : mon canevas du modèle d’affaires et mon protocole expérimental.

Projets « 3 chiffres » (gestion)


001 – Général

Le projet 001 – Général n’est pas glamour, mais c’est le backbone du studio créatif. Tout ce qui est administratif, financier et stratégique y est consigné et opérationnel. Les volets comptabilité et facturation sont tenus, les outils clés (boîte courriel, MailChimp, procédures) sont en place. Avec MilleniUm Québecor, je continue d’affiner ma capacité de production avec mon coach, pour trouver un rythme durable et définir mon offre de conférences/ateliers destinés aux étudiant·es universitaires intéressés par l’entrepreneuriat créatif. Comme ambassadeur du Programme québécois d’entreprenariat scientifique (QcES) avec V1 Studio, je vais accompagner la cohorte de l’automne 2025, donner du feedback sur des pitchs et participer à la vie entrepreneuriale du programme. Les programmes de redevances (Copibec, DPP) et les mesures d’impact (droits d’auteur reversés à Canards illimités, Conservation de la Nature Canada et Fondation Suzuki) sont ici. D’ailleurs, concernant les droits d’auteur : les versements s’en viennent à l’automne; comme depuis 2024, je vais redonner 3 % à des organismes de conservation. Côté RH, le brouillon de l’offre d’emploi pour un·e adjoint·e administratif·ve s’y trouve.

002 – Financement

Le 002 – Financement est un tableau de bord qui me sert à préparer, planifier et suivre mes demandes de subventions pour obtenir des ressources favorisant le développement et la réalisation de mes projets artistiques.

003 – Segments de clientèle

Le 003 – Segments de clientèle sert à cartographier l’ensemble de mes partenaires, clientèles cibles, collaborateurs et points de contact clés dans mes activités artistiques, éducatives, scientifiques et médiatiques. On y retrouve aussi bien des associations professionnelles (ACELF, ACPI, UNEQ, SEQ), que des institutions scolaires (écoles secondaires, cégeps, universités), bibliothèques, salons du livre, festivals, maisons d’édition, librairies indépendantes et diffuseurs culturels ou scientifiques.

C’est une base de données relationnelle qui me permet de structurer mes communications, cibler mes démarches de diffusion et entretenir des relations durables avec mes différents milieux. Chaque collaboration dispose d’un « dossier client », ce qui me donne une vue fine et personnalisée de mon réseau. Avec l’aide de l’IA, je peux aussi synthétiser rapidement l’historique des échanges et mieux adapter mes suivis. En pratique, c’est un atout considérable : ce projet me donne un tableau d’ensemble, tout en rendant possible une approche très précise et sur mesure.

004 – Relations médias

Je vous épargne d’une suite interminable de captures d’écran. En rafale, dans le 004, je garde des traces des échanges que j’ai eu avec les médias.

005 – Articles de blog

Dans le 005, je planifie les articles de blog. Je m’ouvre à vos questions. Si vous avez des interrogations sur mon travail ou sur le métier d’écrivain-entomologiste, écrivez-moi — je répondrai à certaines sous forme d’articles.

006 – Infolettres

Dans le 006, je coordonne la production et la diffusion de mes infolettres. Je ne suis pas la personne la plus assidue pour donner des nouvelles, mais quelques fois par année j’envoie un petit mot pour parler de l’actualité dans ma vie artistique. Pour ne rien manquer, vous pouvez : vous inscrire ici et recevoir mes nouvelles directement par courriel.

Projets « 4 chiffres » (création)

Ça commence déjà a être un long billet de blog. Je vais conclure pour aujourd’hui sur une capture d’écran du projet 1000 – Coordination de projets artistiques qui donne quand même un bon aperçu des étapes de production. Quelques faits saillants néanmoins :

  • 1009 (01) – Parasites partie I (le 3e livre de la saga Dévorés) : le comité de bêta-lecture est en train de terminer de lire et commenter le texte. Je vais entamer la phase finale de révision pour remettre le manuscrit à ma maison d’édition.
  • 1005 – Max d’Exxila : je vais de l’avant avec une première rencontre d’un comité consultatif bénévole pour brainstormer la suite de la série en mode intelligence collective et processus participatifs (impliquer les lecteurs dans le processus créatif).
  • 1019 – Curieuses bestioles : c’est une série d’albums jeunesse 6-8 ans d’aventures entomologiques qui en est tout juste à ses premiers balbutiements. J’ai tellement hâte de vous révéler les premières illustrations.

Conclusion

Cet automne, je participerai à plusieurs événements (salons, conférences, ateliers) où je partagerai à la fois mes livres et mes réflexions sur l’entrepreneuriat artistique, notamment au Congrès Boréal, à Can*Con 2025 et à la rencontre annuelle de la Société d’entomologie du Québec.

Ouf! Si vous êtes arrivés ici, félicitations; voici une pomme de terre 🥔. Oui, c’est beaucoup, mais c’est structuré, et surtout en cohérence avec mes valeurs de rigueur, de créativité et d’impact positif. C’est ma façon d’essayer de travailler de manière professionnelle. Comme Austin Kleon dit, le secret c’est de faire du bon travail et de le partager; c’est ce que j’ai essayé de faire avec ce billet de blog. Si vous avez des questions, écrivez-les en commentaire et je me ferai un plaisir d’y répondre.

Merci de suivre le chemin avec moi 💛
— Charles-Étienne

Psssssst ! Vous en voulez encore? Allez écouter le podcast Les lucioles S3E08 😉

#ShowYourWork : Des articles de blog pour faire briller les professionnel·les du milieu littéraire

Je réfléchis depuis un moment à la meilleure manière de faire briller mon milieu à travers mon blog. J’aimerais que cet espace devienne non seulement un lieu où je parle de mes projets, mais aussi une plateforme qui met en valeur les professionnel·les du milieu littéraire.

En m’inspirant de Show Your Work d’Austin Kleon, j’ai envie d’ouvrir mes carnets de bord, de partager mes apprentissages et de donner la parole à celles et ceux qui bâtissent notre écosystème.

Le concept : 1 invité = 10 questions

Chaque article prendra la forme d’une entrevue-témoignage. Dix questions simples posées à une mosaïque de professionnel·le du milieu : auteur·ice, éditeur·rice, libraire, médiateur·rice culturel·le. L’idée est d’obtenir un éclairage concret, sincère et inspirant sur l’entrepreneuriat artistique.

En plus, ces entrevues offriront aussi aux invité·es une vitrine qu’ils pourront diffuser dans leurs réseaux.

Pourquoi maintenant?

Parce que je veux reconnecter mon blog à ma mission plus large tout en gardant une posture d’humilité et de curiosité : conjuguer art, science et engagement. Mon rôle d’écrivain entomologiste m’invite à explorer de nouvelles formes de médiation. J’ai déjà une expérience riche de conférences, de projets collaboratifs, et d’un parcours entrepreneurial atypique. C’est le moment de mettre cette expertise au service du collectif.

Les dix questions

  1. Quel est ton rôle comme professionnel·le du milieu littéraire?
  2. Comment ton parcours t’a mené·e là?
  3. Quelles compétences sont essentielles dans ton travail?
  4. Quel est ton rapport au milieu (coopération, compétition, solidarité)?
  5. Quelle a été ta plus grande surprise ou révélation?
  6. Quels obstacles rencontres-tu le plus souvent?
  7. Quelle est ta vision de l’entrepreneuriat artistique?
  8. Comment entrevois-tu l’avenir du milieu littéraire?
  9. Qu’aimerais-tu transmettre aux auteur·ices émergent·es?
  10. À qui devrais-je ensuite parler?

Impact espéré

Ce projet me permettra de :

  • Revaloriser mon blog comme un lieu de réflexion.
  • Renforcer mes liens avec le milieu littéraire.
  • Offrir une mémoire collective d’expériences et de conseils.
  • Et surtout, contribuer à une culture du partage, de l’entraide et de la mise en commun.

Alors, par qui je devrais commencer?

Un triomphe pour la biodiversité à Montréal

De site d’enfouissement à parc municipal, le parc Frédéric-Back est devenu un havre pour la biodiversité. Bonne nouvelle : sa métamorphose lui a conféré un couvert luxuriant, si bien que vendredi dernier, la Tohu y a organisé une veillée aux papillons. 

Des entomologistes en herbe se regroupent autour d’un piège lumineux pour y observer des insectes.

Photo : Charles-Étienne Ferland

Depuis une trentaine d’années, la biodiversité des insectes connaît des déclins alarmants, explique la communauté scientifique. La perte d’habitat causé par l’étalement urbain et la conversion du paysage afin d’en faire des aires d’agriculture intensive sont à pointer du doigt. Heureusement, à Montréal, des initiatives accessibles au public tentent de nous réconcilier avec ces créatures méconnues et fascinantes que sont les insectes.

« Le but [d’une veillée aux papillons], c’est de cultiver l’entomophilie, explique Maxim Larrivée, directeur de l’Insectarium de Montréal, c’est-à-dire la valorisation l’amour des insectes pour que les gens prennent conscience de leur importance et apprennent à coexister avec eux. » Dans la soirée du vendredi 9 juin 2023, trois tentes lumineuses ont été dressées dans le parc. Malgré un début de veillée pluvieux, les insectes étaient au rendez-vous pour le plus grand plaisir d’une cinquantaine de personnes curieuses.

Les téléphones intelligents au service de la nature

C’est dans un esprit d’accueil et de générosité qui invite à la découverte que le directeur a souhaité la bienvenue aux amateur·trice·s d’insectes au soleil couchant. « Je vous encourage à prendre des photos et à les soumettre dans l’appli iNaturalist », a-t-il souligné. Cette application permet de recueillir des donnes de science citoyenne et elle propose même une identification plausible selon un algorithme de reconnaissance automatisée. Et si vous avez la piqûre, l’application vous permet même de participer au recensement de l’Atlas des papillons du Québec!

La nuit est tombée, ainsi qu’une bonne averse qui nous a laissés croire qu’on ne verrait rien d’autre qu’une troupe de naturalistes détrempés. « En fait, s’il arrête de pleuvoir, ça va créer d’excellentes conditions pour observer des insectes nocturnes », a précisé André-Philippe Drapeau Picard, préposé aux renseignements entomologiques de l’Insectarium de Montréal. C’est qu’une bonne pluie en soirée permet de stimuler l’émergence d’insectes. En plus, un ciel couvert qui ne laisse pas entrevoir la lune garantit à la lumière du piège un meilleur taux de succès.

Pleins feux sur les insectes nocturnes

La prédiction s’est avérée : attirés par la lumière projetée contre les draps blancs, se sont pointés des dizaines d’insectes, que Maxim, André-Philippe et leurs collègues entomologistes se sont fait un plaisir de nous présenter. « Ça, c’est un papillon du genre Apantesis; ça, c’est une guêpe de la famille Ichneumonidae! » Cette interprétation privilégiée de l’entomofaune locale a fait de la mince foule des personnes captivées par ce spectacle inhabituel. 

Il y a quelque chose de magnifique à s’intéresser à ce qui est infiniment plus petit que soi et à apprendre à les nommer par leur nom. Il y a aussi, derrière cette démarche, l’indéniable souhait que pareille expérience interactive amène les gens à mieux prendre soin de l’environnement pour préserver la richesse de la diversité des insectes d’ici et de partout à travers le monde.

Un piège lumineux à la maison, c’est possible?

Il suffit d’un drap blanc bien tendu et d’une source de lumière pointée dessus! Vous verrez alors apparaître, non seulement des papillons de nuit, mais aussi des coléoptères, des hyménoptères, des trichoptères et j’en passe! Sortez votre téléphone et activez votre flash : les insectes vous attendent. 

Une autre bonne nouvelle, le guide « Les insectes du Québec » vient de connaître une nouvelle version riche en illustrations, un ouvrage signé Étienne Normandin, coordinateur de la collection entomologique à l’Institut de recherche en biologie végétale (Université de Montréal). Avec cette ressource à portée de main, les insectes de chez nous n’auront plus aucun secret pour vous. 

Qu’est-ce qui vient après? Une destination entomologique incontournable : réouvert depuis 2022, l’Insectarium est un des musées consacrés aux insectes les plus importants d’Amérique du Nord. Un parcours sur les sens des insectes, une exposition sur la diversité et une serre permanente avec des papillons en liberté : qu’est-ce qu’on pourrait souhaiter de plus?

L’agriculture a besoin de fiction

Dans le cadre du Prix d’excellence pour les étudiants en agriculture, l’organisme Gestion Agricole du Canada (GAC) offrait aux étudiants l’opportunité d’exprimer leur opinion sur un sujet lié à la gestion agricole. GAC se consacre à l’élaboration et à la distribution d’information spécialisée en gestion agricole au Canada. Cette année, la question est la suivante; Comment l’agriculture peut-elle combler le fossé croissant entre les collectivités rurales et urbaines? La réponse que j’ai proposé et, à la fois, le titre de ce billet de blogue : L’agriculture a besoin de fiction.

Je quittais la Convention Canadienne sur les grains organisée par le Canola Council of Canada et le Canada Grains Council qui s’est tenue au Westin de Montréal du 5 au 8 mars 2019. Je repensais aux discours des invité comme Shawn Kanungo, Kyle Jeworski et Justin Kingsley. Ce qui transpirait de leurs présentations, tant dans la forme que le fond, c’était l’importance du storytelling. Ça m’a rappelé un livre que j’avais commencé quelques semaines plus tôt.

Dans son essai « Sapiens : Une brève histoire de l’humanité », le professeur Yuval Noah Harari postule que l’être humain, Homo sapiens, doit son succès à sa faculté de croire en des choses qui n’existent nulle part ailleurs que dans sa propre imagination. Ainsi, l’auteur défend la thèse que, grâce à des inventions telles les structures politiques, les entreprises et les institutions légales, Sapiens parvient à établir des systèmes de coopération humaine à grande échelle. C’est-à-dire que des histoires qui ont un sens pour un groupe d’individus parviennent à donner une direction et un intérêt envers l’accomplissement d’une tâche : depuis la construction de pyramides jusqu’à la recherche contre le cancer. Que l’on la nomme histoire, construction sociale ou fiction, cette idée que l’on entretient, à propos d’un besoin à combler dû au fait que l’on valorise le résultat, permet à la collectivité de s’entendre pour réaliser des projets.

Ce n’est pas une idée novatrice que de proposer une fiction pour servir un dessein. Ça fonctionne! Prenez la populaire série Big Bang Theory qui a fait grimper le nombre d’inscriptions aux programmes universitaires en physique (Townsend, 2011). Ou bien la propagande de la Guerre froide où l’Allemagne de l’Est prétendait que des avions américains répandaient supposément des doryphores de la pomme de terre, et ce dans le but d’unir la nation pour contrer l’invasion (Burns, 2013). Plus récemment, la symbolique est reprise par la série Netflix intitulée Black Mirror (saison 3, épisode 5) lorsqu’un implant cervical fait en sorte que les militaires voient les immigrants illégaux (on suppose) comme des bêtes dépourvues d’humanité, dites roaches en anglais. La cinématographie est un outil exceptionnel pour sensibiliser, éduquer, encourager un certain parcours professionnel (voir Streufert, 2007; Guida, 2015; Rafei, 2016).

Bon, vous comprenez où je veux en venir avec le pouvoir des fictions. GAC cherche une solution pour combler le fossé croissant entre les collectivités rurales et urbaines. J’ai souris quand j’ai lu le titre du concours. Le fossé… Je donne même un exemple dans mon recueil de nouvelles paru cette année (Une dent contre l’ordinaire, Prise de parole, 2019)!

L’anecdote illustre le fossé entre l’urbanité et la ruralité, puisque la téléphoniste (d’un milieu urbain, on imagine ici) a tout de suite pris pour acquis que Chicks faisait référence à un service d’escorte, plutôt qu’à de petits poussins.

On a besoin d’un Humans of New York d’histoires de producteurs agricoles pour aller à la rencontre de l’autre. Il y a encore trop d’incompréhension chez les gens qui ne fréquentent pas le milieu rural et agricole sur des notions comme la lutte intégrée, les organismes génétiquement modifiés et l’agriculture biologique, pour n’en nommer que quelques unes.

La semaine verte, l’amour est dans le pré, les courses gourmandes ; ce sont des exemples d’initiatives pour inviter l’agriculture dans la culture populaire. Il faut continuer. Prochaine étape : une série télé sur dix ados de la ville qui passent un été sur une ferme? Une compétition pour la gestion agricole la plus équilibrée en termes d’empreinte écologique tout en obtenant des rendements intéressants? Un sitcom avec le producteur, l’agronome, l’entomologiste, l’entrepôt, les services de livraison? L’agriculture a besoin de se faire désirer, a besoin de nous inspirer et de nous étonner. Elle a besoin de nous montrer sa force, sa beauté. Elle a besoin d’une fenêtre positive, de faire rêver, de nous donner le goût, l’envie d’aspirer comme autrefois à avoir ton petit lopin de terre comme dans Dégénérations du groupe Mes aïeux.

Lien du concours: https://fmc-gac.com/fr/programs-services/national-awards-scholarships-2/

Références